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Lancement du collectif pays de Bitche antifasciste avec soirée de soutien à la Pigeonne – 30.09 20h30 à Lemberg

La Pigeonne aux rencontres Stronger Together à Leipzig

La Pigeonne est invitée à Leipzig et participera à une discussion sur les squats anars queers féministes samedi 30 septembre!

Voici l’appel à participation sur le site des rencontres https://femkongress23.noblogs.org.

Congrès Stronger-Together

féministe – queer- militante
du 28. Septembre au 01. Octobre 2023 à Leipzig

Nous vous invitons cordialement au congrès queer et féministe Stronger-Together à Leipzig. Pendant ces 4 jours, nous voulons créer un espace dans lequel nous pouvons nous rencontrer, apprendre les un·e·s des autres et nous allier. Nous voulons partager nos expériences, discuter de nos idées et les soumettre au débat.

Le congrès doit être un lieu d’empowerment : Ensemble, nous voulons contrer les rapports de pouvoir auxquels nous sommes confrontés quotidiennement et que nous maintenons en même temps. Nous voulons rendre visibles différentes luttes féministes et queer et chercher des interfaces avec d’autres luttes autonomes, anarchistes et militantes.

Qu’il s’agisse des luttes contre le régime en Iran, qui se sont enflammées après la mort de Mahsa Amini en garde à vue; des protestations au Soudan, qui ont conduit au renversement du président al-Bashir en 2019; de l’auto-organisation au Rojava et au Chiapas; les mouvements anticoloniaux et les luttes contre l’extractivisme en Amérique latine; les protestations contre une restriction toujours plus forte du droit à l’avortement et les luttes de TINA(Trans*Inter*Non-biAgender) pour l’autodétermination et la visibilité. Dans le monde entier, des luttes (militantes) sont menées et portées par les TPG et les queers. Il existe une longue histoire de pratiques, de solidarité et de luttes féministes révolutionnaires et résistantes. Pour plus de visibilité, pour une vie autodéterminée et pour la libération du patriarcat, du capitalisme et du colonialisme. Nous voulons nous inspirer de ces luttes et apprendre de leurs succès et de leurs défaites.

Même dans nos propres références „émancipatrices“, nous sommes confrontés à la transphobie, à la misogynie et au statut de coupable*. Nos espaces ne sont pas des espaces sûrs, nous avons tous intériorisé des mécanismes d’oppression comme le sexisme, le racisme, le rejet (…). La confrontation avec nos structures ainsi qu’avec nous-mêmes et la prise de conscience des structures d’oppression patriarcales et capitalistes sont donc une condition nécessaire pour nous référer solidairement les un·e·s aux autres malgré nos différences et pour devenir dangereu·se·s·x ensemble !

Nos vies sous le capitalisme et le patriarcat est fortement marquée par l’individualité, l’isolement et l’obligation de performance. Se référer les un·e·s aux autres, négocier ensemble les manières dont nous organisons nos espaces et nos luttes, formuler des critiques, mais aussi y faire face, est donc toujours un processus d’apprentissage. Avec ce congrès, nous voulons essayer de créer des moments de collectivité et de les organiser ensemble afin de nous renforcer individuellement et consolider nos relations – car cette grosse merde ne dégagera pas toute seule.

Le congrès doit créer un autre moment de continuité dans l’organisation militante féministe. Nous souhaitons que cela se poursuive après le congrès dans des relations auto-organisées et que nous nous rapprochions un peu plus de notre idée révolutionnaire d’abolir le patriarcat et le capitalisme.

Au cours des préparatifs, nous avons beaucoup discuté. De ces discussions sont nées des questions sur lesquelles nous souhaitons échanger ensemble :

  • Pouvons-nous nous disputer (de manière constructive) ?
  • Quelles sont pour nous les contradictions dans notre théorie et/ou notre pratique ?
  • Quelles sont les différences que nous pouvons et voulons affronter et discuter ? Où commencent les lignes rouges pour nous ?
  • Comment pouvons-nous nous soutenir dans nos luttes malgré nos différences ( de focus, de méthodes, de perspectives) ? Où ne pouvons-nous pas le faire ?
  • Que signifie pour nous le „militantisme féministe“ ?
  • Quelle sont nos utopies ?
  • (Comment) nos militantismes et/ou nos théories contribuent-ils à l’émancipation féministe/queer ?

Le Congrès sera en mixité („All Gender“) et proposera des ateliers, des conférences, des débats et des occasions de mise en réseau et d’échange. Des salles en mixité choisie seront possible. Et nous nous réjouissons également de passer des soirées agréables et conviviales.

De plus, il y aura des espace ou tous·te·s peuvent aménager librement. Apportez des thèmes sur lesquels nous pourrons nous pencher ensemble, en petits groupes ou en grand comités. »

Soirée de soutien au squat la Pigeonne (SXB) – jeudi 7 septembre !!

Salut salut!

Le collectif Ayez crainte (personnes trans et/ou racisées) organise une soirée en soutien au squat queer féministe anti-raciste la Pigeonne de Strasbourg! Ce sera le jeudi 7 septembre à partir de 20h, lieu secret, demandez nous.

Concerts et DJ set

Bière, soft, gâteaux, bissap etc…

Distro de la bibliothèque Marsha P. Johnson hébergée à la Pigeonne : fanzines, badges, stickers, linogravures etc… prix libre et prix fixe

PAF 3€

Les bénéfices de cette soirée iront au squat ainsi qu’aux personnes qui y habitent.

Bienvenue à toutes et tous ! La soirée se veut le plus safe possible, tout le monde est invité à faire gaffe aux comportements racistes, queerphobes, sexistes etc… et intervenir s’il le faut !

Venez ça va être cool !!!

La Pigeonne

La pigeonne et sa bibli aux Rencontres Internationales de l’Anarchisme (Suisse)

La pigeonne et la bibli Marsha P. Johnson seront aux Rencontres Internationales de l’Anarchisme à St Imier en Suisse! Ce sont des rencontres sur 5 jours en autogestion sur plein de sujets qui traversent le mouvement anar de nos jours, le programme est vertigineux et alléchant! Plus d’infos par ici: https://anarchy2023.org/fr

Nous serons présent.e.s avec notre distro les samedi 22 et dimanche 23 juillet de 9h à 20h. Venez découvir les fanzines créés par les personnes du collectif ainsi que d’autres fanzines sur plein de sujets (queer, féminisme, anti-racisme, anti-colonialisme, écologie politique, anarchisme, auto-critique militante, squats, ZAD etc etc!)

Vous trouverez aussi nos supers autocollants et badges, des linogravures vénères, des broderies et articles en crochets, parce qu’on aime faire de la propagande. Créer de belles choses nous divertit de la merde
ambiante!

Adresse: patinoire de Saint Imier

Camping, nourriture vegan sans gluten à prix libre sur place. Vous trouverez toutes les infos sur le site anarchy2023.org

Bienvenu.e.s, à tout vite!

La Pigeonne et sa bibli sont aux Iréductibles du 8 au 12 juillet (distro + atelier)

Nous serons aux Iréductibles, Intenses Réflexions Engagées, 8 jours d’animations, de conférences, débats et ateliers sur le militantisme rural et urbain avec des concerts et spectacles le soir. Du 8 au 16 juillet 2023 à Meisenthal, organisé par Artopie & Extinction Rebellion Strasbourg !

Venez découvir les fanzines créés par les personnes du collectif ainsi que d’autres fanzines sur plein de sujets (queer, féminisme, anti-racisme, anti-colonialisme, écologie politique, anarchisme, auto-critique militante, squats, ZAD etc etc!)

Vous trouverez aussi nos supers autocollants et badges, des linogravures vénères, des broderies et articles en crochets, parce qu’on aime faire de la propagande. Créer de belles choses nous divertit de la merde
ambiante!

Retrouvez nous là-bas le week-end du 8-9 juillet!

Le mercredi 12 au matin, nous proposons un atelier sur les squats, bienvenue!

Adresse: Artopie – 6 rue de la poste – 57960 Meisenthal

+ d’infos sur les Iréductibles ici: https://manif-est.info/Festival-les-IREductibles-Intenses-Reflexions-Engagees-2502.html

Sous les paillettes, la rage: anarchisme queer contre le néolibéralisme // 16 juillet

Lecture-discussion-arpentage-écoutedepodcast-visionnagedefilms-fabricationd’unzine

A la bibliothèque Marsha P. Johnson, le 16 juillet à partir de 10H

10h-12h30: discussion et partage de ressources (emmènes tes réflexions, tes expériences et des choses à discuter, lire, écouter ensemble)

12H30: repas partagé (emmenez des choses à manger et à boire)

14h-18h: suite de la discussion puis fabrication d’un zine collectif

Chaque mois de juin, c’est le mois des prides, des marches des fiertés arc-en-ciel et paillettes dont la majorité oublient que Stonewall c’était une émeute queer contre les violences policières, menée par des meufs trans racisées. En caressant l’hétéropatriarcat et le capitalisme dans le sens du poil, les LGBTQI+ marchent pour la « visibilité », pour défendre l’affirmation individuelle de son identité, l’acceptation de la « différence », l’intégration dans le modèle de la famille hétérosexuelle, défendent des politiques racistes et nationalistes, invitant même les flics, les entreprises et les fachos dans les cortèges. Le néolibéralisme queer pollue nos luttes, nos communautés, et jusqu’à nos esprits : que reste-t-il de la force insurrectionnelle queer quand il n’y a pas de désir de détruire le monde capitaliste et l’hétéropatriarcat, mais plutôt de « faire avec » et de s’y intégrer pour gagner des privilèges? Pour réfléchir ensemble à la libéralisation du mouvement queer, pour retrouver la flamme de l’insurrection, pour renouer avec les racines anarchistes transpédégouines, on vous propose à la bibliothèque Marsha P. Johnson du squat La Pigeonne une journée de lectures, d’arpentages, de partage de podcasts et de films, qui donnera lieu dans un deuxième temps à la conception d’un zine collectif.

La Pigeonne à la Queermess de Strasbourg le 2 juillet

La Pigeonne sera à la queermess de Strasbourg du 2 juillet qui se
déroulera à la maison des projets (91 route des Romains, quartier Koenigshoffen) de 10h à 18h.

Nous tiendrons plusieurs stands dont un infokiosque sur les questions queers, féministes, décoloniales, révolutionnaires et écologiques.

Vous trouverez aussi nos supers autocollants et badges, des linogravures vénères, des broderies et articles en crochets, parce qu’on aime fairede la propagande et créer de belles choses nous divertit de la merde
ambiante. Des membres du squat vont également concocter des desserts vg/vegan.

L’entrée a la queermess est gratuite, nos articles seront majoritairement à prix libres et l’argent ira en soutien au squat, à la bibli et aux habitant.es sans ressource.

Infos ici: https://queermessstrasbourg.wordpress.com/

Instagram : @queermess_strasbourg

La bibli est au salon d’éditions livresques et musicales La Chèvre les 15 et 16 avril

Ce mois-ci, la permanence habituelle de la bibli Marsha P. Johnson délocalise au salon d’éditions livresques et musicales La Chèvre au Molodoi les samedi 15 et dimanche 16 avril. Nous y serons de 13h à 18h pour présenter tout plein de fanzines créés entre autres par les personnes du collectif de la Pigeonne. En plus, nous animerons un atelier de linogravure samedi de15h à 17h et un atelier de broderie féministe dimanche de 15h à 17h!

Plus d’infos sur le salon par ici: https://azqs.com/lachevre/

A très vite!

19 MARS ✨KERMESSE D’ANNIVERSAIRE À LA PIGEONNE ✨

DIMANCHE 19 MARS – 12h-18h

KERMESSE D’ANNIVERSAIRE DE LA PIGEONNE

Viens fêter les trois ans de La Pigeonne, le squat féministe, queer, antiraciste de Strasbourg!

Trois ans de lutte, trois ans d’entraide et d’amitié, trois ans de survie anarchaféministe et de force collective aussi. Vive le squat et longue vie à La Pigeonne!

Cantine et kermesse de soutien pour le lieu et les personnes précaires qui y vivent!

12h-14h: CANTINE: au menu LE fameux couscous (vegan + pas vegan) de la Pigeonne, nos beignets de bananes, du jus de bissap…et des surprises😋

14h-18h: ateliers, jeux, bibliothèque, freeshop…

💎On cherche des copain-e-s pour filer un coup de main le jour même, la veille et en amont pour diffuser l’info ! Si tu es dispo’ et que ça te motive, hésite pas à répondre à ce message pour qu’on t’envoie la liste des tâches qu’on va se partager. On pourra aussi s’organiser pour l’hébergement si tu as de la route

★ Événement ouvert à tou.te.s ★
★ Tout est à prix libre mais CONSCIENT ★

Contact: lapigeonne[at]riseup[dot]net

Douce France, cher pays de mes souffrances

Suite à l’expulsion du campement de la place de l’Étoile à Strasbourg le 30 novembre 2022 et alors qu’une nouvelle loi immigration est en cours d’étude au parlement, on a eu envie de pousser un coup de gueule et d’aller un peu plus loin que les analyses soc’dem classiquement offusquées. Et surtout de transmettre la parole de nos proches sans-papiers qui subissent la violence des politiques migratoires françaises et européennes. Des récits qui mettent en lumière toute l’hypocrisie d’une pays pourtant si prompt à donner des leçons d’humanisme, voire de féminisme.

« Être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants ». Difficile de trouver plus neuneu, pour ne pas dire outrageusement teubé, pour décrire une politique inhumaine, et pourtant c’est bien comme ça que l’infâme ministre de l’Intérieur décrit l’objectif de sa loi « Asile et Immigration ». On a parlé de ce projet avec des copain-e-s concerné-e-s, sous différents statuts : recours de demande d’asile, OQTF, procédure normale.

Depuis quelques mois, le gouvernement travaille sur un nouveau projet de loi « Asile et Immigration » (ce serait le 29ème en 42 ans !), qui est déjà passé en première lecture à l’Assemblée Nationale et est en cours d’étude au Sénat (qui y a ajouté, sur suggestion de Darmanin, le 28 février, des pistes pour restreindre le regroupement familial). Des mots du ministre de l’Intérieur (lui-même accusé de viols et d’abus de pouvoir), le projet de loi vise à « être gentil avec les gentils, méchant avec les méchants« . Cela veut dire délivrer plus d’obligations de quitter le territoire (OQTF), simplifier les procédures d’expulsion ou encore, en cas de délits graves, abroger 10 des 14 possibilités de recours contre les « reconduites à la frontière ». Le côté « gentil » ? Il s’agirait de créer un titre de séjour spécifique d’1 an pour les personnes étrangères travaillant dans les métiers en tension !

Le travail des sans-papiers, interdit mais obligatoire.

« Plus rien ne marcherait si la France expulsait tous les sans-papiers. C’est nous qui faisons les tâches les plus difficiles que les français veulent pas faire. » Marie

La société occidentale, raciste et néo-coloniale considère les êtres humains selon ce qu’elle peut en tirer en termes de profits capitalistes. Cette base est nécessaire pour bien comprendre les politiques migratoires d’un pays à la douloureuse histoire coloniale. La France profite depuis longtemps de la main-d’oeuvre étrangère dans les secteurs de travail en tension et sous-payés, on pense notamment au travail dans le bâtiment depuis la Seconde Guerre mondiale (et même depuis la fin du XIXème siècle) majoritairement effectué par des travailleurs venus du Maghreb, aux femmes Noires qui font le ménage dans les hôtels et gardent les enfants des blancs riches ou encore aux travailleurs nord-africains et turcs recrutés par l’État français pour les travaux forestiers. De manière générale, il y a une répartition raciale des secteurs de travail. Et là, on parle uniquement du travail produit sur le territoire français. Bien sûr, la société occidentale profite aussi du travail de tout plein de gens ailleurs sur la planète, des enfants dans les mines d’or au Burkina Faso aux travailleuses du textile en Asie, en passant par les agriculteurs latino-américains.

  • à lire : Du bled aux corons, un rêve trahi. Logement et mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais, Saïd Bouamama et Jessy Cormont, Dechy, Association des mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais, 2008

« Ils veulent régulariser les sans-papiers qui travaillent alors qu’on a pas le droit de travailler. Comment on est sensé prouver qu’on a travaillé alors que c’est interdit ? Il paraît qu’on peut acheter des faux titres de travail et que c’est seulement avec ça qu’on peut être régularisée. Sinon, c’est trop difficile de trouver des employeurs qui acceptent de faire les démarches légales. » Nada

Ce projet de loi s’inscrit dans la continuité des politiques libérales, bureaucratiques et répressives d’État au service du capitalisme colonial : les forces de l’ordre ont toujours plus de moyens pour mater le prolétariat, et encore plus contre les indigènes/racisés, afin d’asservir la classe ouvrière aux besoins du marché. Les sans-papiers sont la main d’oeuvre idéale pour le capitalisme : faute de mieux, ils n’ont pas d’autre choix que d’accepter les métiers les plus pénibles. Leur précarité et leur difficulté extrême permet de garder un marché du travail sous tension et faire de la concurrence entre travailleur-ses avec papier et travailleur-ses sans droit, pour favoriser un nivellement par le bas. Dans ce contexte, les femmes sans-papiers sont particulièrement vulnérables à l’exploitation par des patrons sans scrupules : que ce soit dans l’hôtellerie-restauration, le service à la personne (dont le travail du sexe) ou le nettoyage, le corps des femmes est poussé dans ses retranchements.

  • à lire : Un troussage de domestique (coordonné par Christine Delphy), éditions Syllepse, août 2011

« – J’ai reçu un mail d’une association pour proposer d’aller faire le marché de Noël, mais c’est du bénévolat ! Il fait trop froid dehors, je veux pas aller travailler gratuitement dans ces conditions, c’est pas possible…
– La France aime trop faire travailler les gens gratuitement ! » Nada & Marie

Le peu de demandes d’asile et de titres de séjour accordés créent une espèce de sale méritocratie pour les prétendant-e-s, qui encourage les demandeur·euse·s à faire un maximum de bénévolat pour valoriser une « intégration » dans le pays et une volonté de s’impliquer dans une vie associative administrée et dirigée principalement par des blanc·he·s. Le résultat, c’est du travail gratuit attendu des personnes racisées qui manquent de tout. Ça ne vous rappelle rien ?

Violences administratives

« On se soumet aux conseils des avocats parce qu’ils sont censés savoir ce qui marche le mieux mais finalement les décisions disent le contraire de leurs conseils ! » Marie

Alors que la plupart des citoyens français blancs n’ont quasiment jamais à avoir recours à un-e avocat-e pour faire valoir leurs droits et encore moins pour faire le tour du monde, les étranger·e·s sont obligé·e·s d’y faire appel pour espérer obtenir une régularisation au bout de plusieurs années de lutte administrative et judiciaire. Face à elleux, une justice austère, mal renseignée et sous pression (voir l’article de Mediapart sur la CNDA). La justice n’est pas seulement de classe (magistrats bourgeois face à prévenus prolos), mais elle est aussi raciste : comment voulez-vous que des sans-papiers, qui connaissent a priori encore moins les lois et les administrations françaises que les nationaux eux-mêmes, fassent le poids ?

source : https://www.mediapart.fr/journal/france/030921/cour-nationale-du-droit-d-asile-des-juges-denoncent-des-pressions

« – Si tu payes pas, on dirait que ton avocat-e est pas motivé pour t’aider vraiment… 
– Moi j’ai payé mais elle avait quand même l’air de s’en foutre.
– Peut-être que tu avais pas assez payé ?
– Elle m’avait demandé 1000 €, j’ai négocié pour ne payer que 900 parce que c’était impossible sinon. Peut-être que c’est pour ça.
– Le mien m’a dit qu’à partir de la 2ème demande, on n’aurait plus le droit à l’aide juridictionnelle. J’ai l’impression que c’est pourtant possible de l’avoir mais c’est comme si elle voulait qu’on paye nous-même pour nous défendre. » Marie & Nada

Les politiques répressives se combinent avec les politiques d’austérité budgétaire et ont pour effet de répandre et renforcer la clandestinité, de condamner les « illégaux » à une dépendance toujours plus violente et sournoise aux réseaux mafieux. Elles augmentent la pression de la corruption sur les circuits légaux. Un bon exemple : des services demandent plus de 100€ pour obtenir un précieux rendez-vous en préfecture. Que ce soit par des méthodes informatiques ou par corruption individuelle, cela illustre bien combien la raréfaction des moyens humains pour traiter les demandes malgré leur augmentation encourage les fraudes opportunistes.

source : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/trafic/plus-de-100-pour-un-rendez-vous-en-prefecture-le-trafic-qui-vise-les-etrangers_5527692.html

La France et l’Europe, les mythes et la réalité

« Quand j’étais au pays, je savais pas qu’il y avait des gens à la rue en France ! Ils montrent pas ça à la télé là-bas ! On voit toujours des belles images de la France, tout a l’air bien, propre et tout… On s’imagine pas que la réalité est aussi différente hein ! » Marie

« Moi je ne savais pas, avant de venir, qu’il y avait toutes ces démarches à faire pour avoir les papiers, pour travailler, pour avoir un logement. Ça fait 5 ans que je suis ici : je mange, je m’habille, je dors… Je suis reconnaissant d’avoir tout ça, envers mes ami-e-s français-e-s qui m’ont aidé. Tout ça, ça rapporte à la France. Si je n’ai pas le droit, je vais finir par devenir délinquant ou juste ne rien faire alors que je pourrais travailler et rapporter de l’argent à l’État. Ce n’est même pas intelligent pour la France et son économie… Il vaudrait mieux pour tout le monde qu’on aie des droits normaux ! Et puis, c’est important pour un pays d’avoir des étrangers, ça rapporte beaucoup de choses !.. » Bah

« En Allemagne, il paraît que c’est pas comme en France : tu peux tout de suite travailler et toucher 1800, 2000 €/mois. C’est pour ça que beaucoup de gens vont là-bas. Par contre, ils expulsent beaucoup plus aussi… Et la langue est plus difficile alors qu’on a appris le français à l’école. » Marie & Nada

En arrivant en France, Nada s’est mariée avec un français avec qui elle avait eu une histoire d’amour pendant ses vacances. Après les noces, son comportement a changé. Il s’est soudainement mis à attendre de plus en plus de choses d’elle, à l’exploiter, à la maltraiter, jusqu’à la violenter tandis qu’il la trompait. Elle est partie de chez lui après plusieurs années, a obtenu de la justice un divorce pour faute du mari. Une reconnaissance seulement symbolique puisqu’elle n’a obtenu ni de réparation financière pour le préjudice subi (handicap, douleurs, sévices psychologiques…), ni de titre de séjour qui lui permettrait de vivre et travailler en France ainsi que de préparer sereinement des recours pour faire valoir ses droits en justice face à son ex-mari, dont les violences restent impunies. Aujourd’hui, Nada est plongée dans une extrême précarité : sans aucune ressource financière, seuls son entourage et la solidarité lui permettent de survivre… Un exemple parmi tant d’autres de la justice raciste et patriarcale qui subsiste aujourd’hui en France.

« – Avec toutes ces démarches, les refus, l’attente, encore les refus… J’ai envie de rien faire, je suis fatiguée. Je mets la télé juste pour avoir de la lumière et du bruit mais j’écoute même pas vraiment. J’ai juste envie de dormir !
– Moi-aussi ! C’est pour ça que j’aime décorer ma chambre avec plein d’objets que j’aime bien, c’est le seul truc qui me fait plaisir. » Marie & Nada

Malheureusement, cette histoire et les autres propos rapportés dans cet article ne représentent pas la totalité de ce que la France et l’Europe infligent aux exilé-e-s du Sud global. Alors contre la loi de l’infâme Darmanin, mais plus globalement contre les politiques coloniales et les frontières : bougez-vous le cul si ce n’est pas déjà le cas ! Jusqu’à quel niveau de violence faudrait-il rester les bras croisés ?

Bonus : quelques slogans de manif

Douce france
Cher pays de mes souffrances
Berceau de l’indifférence

Tout ce que la france a
Elle le doit
Aux immigré-e-s, aux sans-papiers
Tout ce que l’Europe est
Elle est le fruit
Des colonies

Toujours plus de lois
Toujours moins de droits

La télévision
Fabrique votre opinion
Attise la haine
Pour notre division

Administrations
Sévices publics
Violence des papiers
Pour les immigrés

Liberté de circuler
Noirs, arabes ou blancs
On veut le même traitement !