Pourquoi nous squattons ?
Nous, personnes sexisées, féministes, précaires, exilées et marginalisées à plusieurs niveaux, occupons à Strasbourg un bâtiment délaissé depuis plusieurs années. Le 27 février 2020, La Pigeonne est devenue un squat d’habitation et d’organisation en mixité choisie. Depuis fin 2023 le squat est ouvert à toutes personnes concernées par les luttes queers/TPG, féministes, antiracistes et anticapitalistes.
En tant que personnes sexisées (femmes, trans, inter, gouines, pédales…), nous sommes cibles de violences à la fois physiques, sexuelles, économiques, sociales et administratives. Le sexisme, l’homophobie, la transphobie s’ajoutent à d’autres formes d’exploitations et d’oppression notamment basées sur la race et la classe qui augmentent la précarité, l’exclusion et la détresse.
Nous squattons parce que nous revendiquons notre droit inconditionnel à avoir un toit et une vie décente, joyeuse, qui ne soit pas tournée uniquement vers la survie ou l’assimilation.
Nous trouvons aberrant d’être à la rue, de manquer de soins ou de nourriture tandis que les possédants gaspillent et s’enrichissent. La précarité n’a jamais été un choix. Elle est le résultat d’une volonté politique, organisée et réaffirmée des classes dominantes pour entretenir des classes subalternes et exploitables. Ni les institutions ni les patrons ne veulent notre autonomie. Au contraire, ils participent quotidiennement à notre précarisation.
Dès lors, nos priorités sont de nous mettre à l’abri, de construire des solidarités et de lutter ensemble contre une société patriarcale et un système économique qui sacrifie les plus vulnérables. Pour une transformation sociale et l’émancipation de toutes les personnes sexisées, nous privilégions des initiatives faites par nous et pour nous.
Face à l’incompétence de l’État, la violence de ses institutions, et sa répression policière sexiste, queerphobe et raciste de plus en plus violente et systématique, nous nous organisons. Nous occupons l’espace qu’on nous refuse.