autour des livres de Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes – queer, nature et contre-nature et Edward Carpenter et l’autre nature
Atelier ouvert à tou-te-s
Comment articuler les luttes queers et écologistes ?Qu’est-ce que les pensées et les pratiques queers apportent à l’écologie ? Autour des livres de Cy Lecerf Maulpoix, Ecologies déviantes – queer, nature et contre-nature et Edward Carpenter et l’autre nature, ou encore de Greta Gaard, cet arpentage pense autrement la nature, les écologies sociales et les questions de genre et de sexualité. Il s’agira notamment de s’intéresser ensemble à la généalogie des écologies queers.
🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄
⚡ Dimanche 28 août – à partir de 14h⚡
Atelier coiffure solidaire
à prix conscient (à partir de 10 euros)
💛en soutien à des femmes précaires du squat💛
✂ Coupes courtes et longues sur tous types de cheveux / brushing / lisseur /boucleur
🌟 Nattes collées / braids / tissage
Réservation au 07 72 26 01 67
🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄
⚡ Mardi 30 août / 18h-20h ⚡
Permanence de la bibliothèque Marsha P. Johnson
🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄
⚡ Lundi 5 septembre / 18h-20h ⚡
Club de lectures de la bibliothèque Marsha P. Johnson
Que ce soit un roman, une BD, un zine, un texte théorique…viens partager tes coups de cœur, discuter de textes qui t’ont fait réfléchir ou encore échanger autour de textes qui t’ont enragé-e… autour des questions queers, féministes, décoloniales
🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄🍄
⚡ Samedi 10 septembre / à partir de 19h30⚡
ANNULÉ À CAUSE DE LA PLUIE PRÉVUE
Soirée Pizza au feu de bois + projection en plein air (en fonction de la météo)
à prix libre et conscient en soutien au squat La Pigeonne
ouvert à tou-te-s
20h30 – Projection de Résistantes – Tes cheveux démêlés cachent une guerrede sept ans (2017) de Fatima Sissani
🏴☠ Pour soutenir les personnes précaires on organise une cantine à La Pigeonne le Dimanche 2 Octobre. C’est des moments conviviaux où on s’amuse bien et c’est surtout une chouette occasion de se rencontrer ou se revoir.
🏴☠ Cette cantine est particulièrement importante parce que le lieu est en danger. Je m’explique, malgré la création d’espace de solidarité, de rencontres régulières, d’une bibliothèque collective, d’un freeshop, de chantiers, d’arpentages depuis maintenant deux ans, La Pigeonne est en difficulté financière. Le prix libre à Strasbourg résonne pour certain.e.s comme « venir consommer le lieu gratuitement » et exploiter des personnes marginalisées. Cette cantine existera donc pour nous permettre de continuer à (sur)vivre.
🦜On cherche des copain-e-s pour filer un coup de main le jour même, la veille et en amont pour diffuser l’info! Si tu es dispo’ et que ça te motive, hésite pas à répondre à ce message pour qu’on t’envoie la liste des tâches qu’on va se partager. On pourra aussi s’organiser pour l’hébergement si tu as de la route 🦜
🍄Ouvert à tou.te.s🍄
🍲 Couscous vegan et pas vegan / / dessert / gâteaux / jus de bissap / jus de gingembre 🍲
💀Ce sera dans la cour extérieure donc ça va dépendre de la météo, allez on croise les doigts!
Depuis le début de notre squat, et de plus en plus souvent, nous recevons des demandes intrusives de personnes qui soit ne savent pas ce que c’est qu’un squat, soit n’ont pas pris la peine de lire notre présentation sur notre site : demandes d’interviews de journalistes curieuxses ; sollicitations d’étudiant-e-s en mal de sujets de recherches originaux pour avoir une bonne note ; des personnes qui veulent venir « observer » l’organisation anarchaféministe d’un squat pour la recopier ailleurs mais en la rendant « acceptable », « confortable » et bourgeoise ; des personnes qui veulent « visiter » la Pigeonne comme si nous étions une auberge de jeunesse pour touristes militant-e-s.
Même si ces initiatives partent de « bons sentiments », nous gerbons ces sentiments. Nous ne sommes pas des sujets d’étude « anthropo-sociologiques » ou des terrains d’enquête. Nous ne cherchons pas à « sauver des femmes et des personnes LGBTI+++ » et à recevoir des médailles. Nous n’éprouvons aucun plaisir sacrificiel à effectuer du travail gratuit pour des bourgeois-e-s en mal d’expérience « atypique ». Nous n’avons pas besoin de voyeurs et voyeuses, de personnes qui regardent nos initiatives depuis une position surplombante ou exotisante sans jamais participer à la vie de ce lieu essentiel.
Nous sommes épuisé-e-s et en colère face à un contexte politique d’exploitation et un pouvoir fasciste dont les dangers ne semblent pas être mesurés. Le futur est incertain, mais nous sommes convaincu-e-s que nous n’en aurons aucun si nous sommes isolé-e-s et demeurons la proie des patrons, des proprios et des patriarches. Malgré des constats alarmants, nous sommes fatigué-e-s de constater que certains mécanismes perdurent.Nous sommes certes un « lieu alternatif », mais surtout un lieu en opposition au fonctionnement d’une société qui cherche à faire du profit. Et notamment du profit sur les initiatives « radicales » pour s’enrichir ou nourrir la gloriole personnelle. Nous n’avons pas leur temps. Leur agenda ne nous intéresse pas. Nous avons faim d’organisation collective en dehors de l’idéologie libérale.
Dans une société qui s’effondre, nous avons toustes besoin de transformer notre rapport au monde : en changeant notre façon de consommer, de produire et de créer des liens. Nous avons besoins que tout le monde participe au travail de soin et de régénération. Ce n’est pas possible de continuer à vampiriser les idées et les énergies des lieux précaires. Nous avons besoin de consolider des endroits qui expérimentent le changement en étant à la fois des espaces de résistance mais aussi des lieux ressources et des lieux de repos. Nous avons besoin de les multiplier et de les mettre en réseaux, pas d’en faire de pâles copies utiles au système et mises en concurrence.
S’impliquer dans une utopie, ce n’est pas la consommer ni se contenter de faire de la « charité ». Notre compost est bien joli, mais nous ne sommes pas la poubelle du monde capitaliste. Nous supportons déjà une bonne charge écologique en soignant, en triant, en réparant, en récupérant et en jetant à la place des industriels ou des ménages riches. Il est essentiel de se sentir impliqué-e-s dans le changement et non de regarder les autres le faire. Il est nécessaire de créer une vraie entraide, de véritables échanges d’expériences, d’idées, de savoir-faire et d’actions en partant de nos expériences directes, de choses matérielles, et tout ça à double sens. Un exemple concret : si tu donnes des vêtements au freeshop de La Pigeonne, viens les ranger et prends-en aussi ! Car l’idée ce n’est pas de débarrasser ton armoire et ta conscience, mais de faire tourner les biens déjà produits, les revaloriser, au lieu de consommer et nourrir la machine capitaliste. C’est un petit pas pour changer en profondeur les systèmes d’exploitation et de consommation des ressources.
Notre bibliothèque autogérée féministe, queer et décoloniale est là pour s’autoformer politiquement, se nourrir des pensées et des pratiques. Nous ne voulons pas être utilisé-e-s par des personnes qui veulent exploiter ces ressources pour avoir l’air « inclusives » et « conscientisées », pour avoir le bon vocabulaire et les « bonnes » références subversives, sans jamais changer leurs façons de faire et la société dans son ensemble. Tout ça en laissant 3 centimes dans le pot commun. Les livres et les zines ne sortent pas tout frais du compost, il y a du travail et des dépenses derrière.
La Pigeonne critique en actes les systèmes d’exploitation. Ces critiques ne concernent pas que les « pauvres », les « marginales » et les « marginaux », les « déviant-e-s ». Les idées écologiques, décoloniales, féministes, queers et anticapitalistes profitent à toute la société. Et ce ne sont pas que des théories. Nous théorisons en partant de nos vécus et de nos besoins. Ces besoins sont immenses et multiples comme ils sont urgents. Nous n’avons pas la science infuse ni les réponses à toutes les questions. Nous expérimentons. Les nouvelles énergies sont les bienvenues.
La Pigeonne est devenue pour beaucoup un lieu de ressources et un refuge face à la violence et l’absurdité de notre société. Alors même que le premier réflexe des un.e.s et des autres est de se retrancher dans la nation, ou dans un bunker en choisissant l’individualisme ou le déni. Nous sommes ailleurs. Nous maintenons un lieu collectif, précaire, illégal et nécessaire qui repose sur des énergies et des corps fragilisés. Nous aussi nous connaissons la peur, la maladie, la pauvreté et l’anxiété. Si tu viens, demande-toi ce que tu peux apporter, comment tu peux contribuer et pas uniquement ce que tu peux prendre. Nous remercions les personnes qui apportent une aide précieuse en participant aux ateliers, aux chantiers, qui profitent de l’espace pour partager des savoirs, transmettre leurs expériences, filer des ressources matérielles, comme celleux qui font des dons réguliers. Cet endroit est aussi le leur.
Si notre coup de gueule te met dans l’inconfort, tant mieux. Nous partons de situations inconfortables et souvent conflictuelles pour transformer nos relations. Ce n’est pas de culpabilité dont nous avons besoin, mais de vulnérabilité partagée et de prise de responsabilité pour agir et avoir un impact à long terme sur notre environnement. Les espaces que nous créons sont divers, parfois festifs, intimistes, littéraires, artistiques, pratico-pratiques, communautaires ou désordonnés. Nous serions ravi-e-s que tu participes à leur création en proposant des choses folles ou simples qui te nourrissent et sont susceptibles de plaire à d’autres.
En termes de besoins (bien qu’ils soient immenses), si tu n’as pas d’idée, on partage une liste courte et non exhaustive :
du papier pour les impressions (des zines, des zines, des zines!)
des bras pour porter des trucs lourds et arranger les espaces
de la bouffe et des maillots de bain
des envies d’ateliers, de lectures collectives, de discussions, de sport ou yoga
rendez les livres que vous avez emprunté à la bibliothèque svp
C’est quoi un chantier féministe? C’est un espace en mixité choisie sans gars cis reulou qui t’explique la vie, mystifie des connaissances pratiques ou monopolise les outils. Notre but en tant qu’espace anticapitaliste est de partager des savoirs pratiques et utiles qui permettent l’autonomie dans un cadre non-hiérarchique. Nous avons déjà organisé plusieurs chantiers en 2 ans, sans forcément communiquer autour. On privilégie les matériaux naturels qui ont peu d’impact sur le vivant, se récupèrent ou coûtent peu cher.
Hier on avait envie de bonnes pizzas et on aime bien faire du pain, aussi on n’a pas de four, donc on s’est lancé dans la construction d’un four à bois. On a récupéré des palettes, des briques réfractaires, de la terre, de la paille, du sable, du papier et on s’est beaucoup amusé! Résultat final très bientôt!
Si tu as des envies ou des idées de chantier, n’hésite pas à nous écrire!
Comme tous les premiers lundi du mois (depuis 1 mois ^^), la prochaine
réunion du club de lectures de la bibliothèque Marsha P. Johnson à
Strasbourg aura lieu ce lundi 4 juillet de 18h à 20h !
L’idée c’est de se retrouver avec ou sans bouquin pour échanger sur des
lectures qui nous ont marqué, en bien ou en mal, que ce soit des essais
ou de la fiction… Tout support est bienvenu ! Selon les envies, on
peut aussi lire/écrire/imprimer des fiches de lecture.
Bref, rendez-vous au 25 rue des Pigeons, de 18h à 20h. Si vous voulez
ramener à boire ou à manger, c’est toujours sympa ! Pensez aussi au prix
libre pour soutenir le squat et la bibli 😉
Sinon, prochaine permanence de la bibliothèque le mardi 26/07 de 18h à
20h, comme tous les derniers mardi du mois !
Viens échanger et proposer des projets au squat La Pigeonne! Le lieu est très sympa et propice à plein de belles choses:
des discussions à la bibliothèque au sujet d’un livre qui t’a plu
des arpentages pour faciliter la compréhension des livres complexes
des projections de docus, de films
des cantines solidaires parce que c’est toujours sympa de se retrouver autour d’un bon repas
des chantiers collectifs pour s’approprier l’univers des outils, du bricolage ensemble et sans jugement (réparer un vélo, planter du romarin, fabriquer des meubles etc…)
des ateliers créatifs (couture, broderie, peinture…)
Ici, il y a de quoi faire, on attend plus que toi!
Ouverture de la bibliothèque à 13h /// Début de l’atelier à 14h /// Fermeture à 18h
La Bibliothèque Marsha P. Johnson vous invite à un atelier d’écriture collective avec Les Aggloméré·e·s.
« Subtil Béton est
le fruit d’un travail entamé en 2007. Pendant quinze années, nous nous
sommes regroupé·e·s en ateliers d’écriture féministes pour explorer par
la fiction les univers collectifs de nos quotidiens, lieux de lutte et
de vie autogestionnaires. Au fil des rencontres, le collectif a croisé
la route de près d’une cinquantaine de personnes qui ont ponctuellement
contribué à façonner ce roman d’anticipation, aggloméré et choral. »
Il
y aura du bissap pour se désaltérer, du thé et du café. Le freeshop
sera ouvert si vous avez besoin de vêtements. Et bien sûr, vous
trouverez aussi des zines à prix libre et des livres à emprunter !
L’atelier est en non-mixité sans homme cis. Pensez à apporter de quoi écrire (on mettra aussi à disposition du papier, des stylos et des feutres si besoin).
Prix libre et conscient en fonction de vos moyens (ps : on ne prend pas la carte).
PS :
nos événements ne sont pas gratuits parce qu’on doit défrayer nos
invité·e·s, acheter du matos pour le fonctionnement de la bibliothèque,
payer la nourriture qu’on n’a pas pu récupérer pour préparer les repas,
faire des travaux dans la maison, etc. On ne capitalise pas sur la
bibliothèque, on essaie simplement de ne pas tout payer de notre poche
(La Pigeonne n’est pas riche et privilégiée). Si vous n’avez pas
beaucoup de thunes (ou pas du tout), on comprend et on souhaite que vous
puissiez venir aussi. Mais que celleux qui en ont les moyens ne soient
pas radin·e·s, c’est aussi une manière de redistribuer l’argent.
Parce que les ressources féministes, queers et antiracistes sont
rares, tu trouveras à la bibliothèque Marsha P. Johnson des
livres, des zines, des DVD à emprunter, ou encore des trucs DIY,
un freeshop.
C’est un espace de rencontre, d’échange et de solidarité, un espace
où trouver de la force, où nourrir tes rages, tes luttes et tes
désirs.
La Pigeonne est le squat anarcha-féministe, queer et
antiraciste de Strasbourg. C’est un lieu d’habitation et
d’activité autogéré, par et pour les femmes et les personnes
queers, en mixité choisie sans hommes cisgenres.
* Adhésion à la bibliothèque nécessaire pour emprunter (à prix
libre).
Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit,les
anarchistes continuent de se mobiliser sur tout le territoire russe, aux
côtés de milliers d’autres personnes, contre la guerre. Nous publions
ici les communiqués de deux organisations anarchistes russes de longue
date, qui proposent une analyse de la situation en Russie et de la façon
dont l’invasion de l’Ukraine pourrait la modifier.
Plusieurs manifestations sont prévues en Russie pour demain (dimanche
27 février). Nous attendons toujours des nouvelles de nos contacts en
Ukraine, que nous publierons dès leur arrivée.
Au cours de l’invasion la Russie est devenue un champ de bataille
dans la guerre de l’information. Le gouvernement russe a tenté de bloquer l’accès
à Twitter pour que les Russes ne puissent pas voir ce qui se passe en
Ukraine, ou dans le reste de la Russie. De l’autre côté des barricades,
le site internet du Kremlin a été piraté.
Que les Russes soutiennent cette invasion qui leur coûte beaucoup, ou
qu’iels s’opposent à Poutine malgré les risques, sera sans doute
déterminant pour les événements en Ukraine à long terme.
« La paix est le privilège réservé
à ceux qui ont les moyens de ne pas se battre dans les guerres qu’ils
créent – aux yeux des fous nous ne sommes que des chiffres sur un
graphique, des obstacles sur leur chemin vers la domination du monde. »
Des actions de solidarité se poursuivent aujourd’hui en Allemagne, en Suisse et ailleurs dans le monde.
La position du Militant Anarchiste sur l’attaque de la Russie contre l’Ukraine
Le communiqué suivant a été publié hier sur le canal Telegram du *Militant Anarchiste [Боец Анархист], un collectif anarchiste russe dont nous avions précédemment traduit le nom par « Anarchist Fighter ».*
Notre position sur les événements qui se déroulent en Ukraine est
clairement indiquée dans nos posts précédents. Cependant, nous il nous
apparaît nécessaire de l’exprimer explicitement, pour ne pas laisser de
place au non-dit.
Nous, le collectif Militant Anarchiste, ne sommes en aucun cas des soutiens de l’État ukrainien. Nous l’avons critiqué à de nombreuses reprises et avons par le passé soutenu celles et ceux qui s’y sont opposé·es. Nous avons également été la cause d’une opération de police contre l’opérateur téléphonique VirtualSim, menée par les services de sécurité ukrainiens dans l’espoir de nous combattre.1
Et nous reviendrons sans aucun doute à cette politique dans le futur, quand la menace de la conquête russe se sera éloignée. Tous les États sont des camps de concentrations.
Cependant ce qui est en train de se passer en Ukraine dépasse
largement cette formule, et le principe selon lequel tout·e anarchiste
devrait lutter pour la défaite de son pays.
Car il ne s’agit pas simplement d’une guerre entre puissances
relativement égales, portant sur la redistribution des zones d’influence
du capital, et dans laquelle nous pourrions appliquer l’axiome
d’Eskobar.2
Ce qui se passe actuellement en Ukraine est un acte d’agression
impérialiste : une agression qui, si elle réussit, mènera au déclin de
la liberté partout – que ça soit en Ukraine, en Russie et peut-être même
dans d’autres pays. Elle rend aussi plus importante la probabilité que
la guerre se poursuive et que l’on assiste à une escalade vers une
guerre mondiale.
De notre point de vue, cette analyse est évidente en ce qui concerne
l’Ukraine. Mais en Russie, une petite guerre victorieuse (ainsi que des
sanctions extérieures) fournira au régime ce dont il manque
actuellement. Elle lui donnera carte blanche du fait de la
poussée patriotique qu’elle ne manquera pas de déclencher chez une
partie de la population. Et l’État russe pourra également faire reposer
tous les problèmes économiques sur le compte des sanctions et de la
guerre.
Dans la situation actuelle, la défaite de la Russie augmenterait la probabilité que les gens se soulèvent, comme cela s’est produit en 1905, ou en 1917 [quand les difficultés de la Russie lors de la Première Guerre mondiale ont conduit à la révolution], et ouvrent les yeux sur ce qui est en train de se passer dans le pays.
Quant à l’Ukraine, sa victoire paverait la voie à un renforcement de
la démocratie directe, car si elle advient, ça ne peut-être que grâce à
l’auto-organisation populaire, l’entraide et la résistance collective. Ce sont les réponses à apporter aux défis que la guerre impose à la société.
En outre, les structures crées pour mettre en place ces formes
d’auto-organisations ne disparaîtront pas une fois la guerre terminée.
Bien sûr, la victoire ne réglera pas les problèmes de la société
ukrainienne, ils devront être résolus en profitant des opportunités qui
s’ouvriront dans l’instabilité que connaîtra nécessairement le régime
après de tels bouleversements. Cependant, la défaite ne résoudra pas les
problèmes non plus, mais au contraire les exacerbera encore plus.
Bien que toutes ces raisons – que nous appellerons géopolitiques –
soient importantes dans notre décision de soutenir l’Ukraine dans ce
conflit, ce ne sont pas les raisons principales. Les plus importantes
sont des raisons morales internes : la simple vérité est que la Russie
est l’agresseur et qu’elle mène une politique ouvertement fasciste. Elle
appelle la guerre la paix. La Russie ment et tue.
À cause de ses actions agressives, des gens souffrent et meurent dans
les deux camps. Et oui, même les soldat·es sont broyé·es par cette
machine de guerre (par compte nous ne comptons pas les ordures pour qui
« la guerre est naturelle », qu’il est pour nous difficile de continuer à
qualifier de « personnes »). Et tout cela continuera jusqu’à ce qu’on y
mette fin.
C’est pourquoi nous demandons instamment à toutes celles et ceux qui
lisent ces lignes et ne sont pas insensibles, à faire preuve de
solidarité avec le peuple ukrainien (et pas avec l’État !!!) et de
soutenir leur lutte pour la liberté contre la tyrannie de Poutine.
Il nous faut vivre une époque historique. Faisons en sorte que cette
page d’histoire ne soit pas honteuse, mais que nous puissions en être
fièr·es.
Liberté pour les peuples du monde ! La paix au peuple d’Ukraine ! Non à l’agression de Poutine ! Non à la guerre !
Des
manifestant·es anti-guerre défilent avec une bannière à Moscou. Les
anarchistes ont défilé à plusieurs reprises avec cette bannière dans la
nuit du 24 février. Selon les informations recueillies, même après que
la police ait dispersé la manifestation principale et procédé à de
nombreuses arrestations, les anarchistes se sont regroupé·es et ont
recommencé à défiler jusqu’à ce que la police les charge et les arrête.
Le courage dont ont fait preuve les manifestant·es en Russie est une
leçon d’humilité.
But what is happening now in Ukraine goes beyond this simple formula,
and the principle that every anarchist should fight for the defeat of
their country in war.
Le crépuscule avant l’aube
Le texte suivant a été publié aujourd’hui sous la forme d’un podcast en russe sur le site web d’Action Autonome.
Guerre
Jeudi matin, Poutine a lancé la plus grande guerre en Europe depuis
la Seconde Guerre mondiale. Il se cache derrière les prétendus intérêts
de la partie séparatiste du Donbass, même si la RPD et la RPL étaient
déjà absolument satisfaites de leur reconnaissance en tant qu’États
indépendants, de l’entrée officielle de l’armée russe sur le territoire
et de la promesse d’un financement à hauteur d’1,5 milliard de roubles.
Rappelons également que depuis de nombreux mois, le coût des loyers et
le prix des denrées alimentaires augmentent de jour en jour en Russie.
Le Kremlin a formulé des demandes absurdes aux autorités de Kiev, à
commencer par la « dénazification ». Il est vrai que, grâce à sa
participation active aux manifestations de Maïdan en 2014,
l’extrême-droite ukrainienne s’est assurée une position disproportionnée
dans les institutions politiques et les forces de l’ordre. Mais dans
toutes les élections en Ukraine depuis 2014, ils n’ont pas obtenu plus
de quelques pourcentages des voix. Le président de l’Ukraine est juif.
Le problème de l’extrême-droite en Ukraine doit être résolu, mais pas
par des chars russes. Les autres accusations du Kremlin à l’encontre de
l’Ukraine – corruption, fraude électorale et justice aux ordres –
seraient bien plus appropriées pour parler du régime de Poutine
lui-même. Aujourd’hui, les soldat·es russes sont, au sens premier du
terme, des occupant·es d’un pays étranger, même si cela contredit les
attentes de toutes celles et ceux qui ont grandi avec les récits de la
Grande Guerre patriotique.
La Russie s’est retrouvée isolée au niveau international. [Le
président turc Recep Tayyip] Erdoğan, [le secrétaire général du Parti
Communiste chinois] Xi Jinping, et même les talibans demandent à Poutine
de cesser les hostilités. L’Europe et les États-Unis imposent chaque
jour de nouvelles sanctions à la Russie.
Au moment où nous préparons ce texte, le troisième jour de la guerre
approche. L’armée russe est nettement supérieure à l’armée ukrainienne,
mais la guerre ne semble pas se dérouler exactement selon le plan de
Poutine. Ce dernier comptait apparemment sur une victoire en un ou deux
jours, avec très peu de résistance, voire aucune, mais de sérieux
combats ont eu lieu sur tout le territoire ukrainien.
Les Russes et le monde entier regardent en ce moment-même des vidéos
montrant des bombes frappant des immeubles résidentiels, un véhicule
blindé écrasant une personne âgée, des cadavres et des fusillades.
Roskomnadzor [le service fédéral du gouvernement russe chargé de la
supervision des communications, des technologies de l’information et des
médias] tente encore de menacer tout Internet, en exigeant :
« N’appelez pas cela une guerre, mais une opération spéciale. » Mais peu
de gens le prennent encore au sérieux désormais. Tant qu’Internet n’est
pas entièrement coupé en Russie, il y aura suffisamment de sources
d’information. Au cas où, nous vous recommandons une fois de plus de
configurer à l’avance Tor avec passerelles, un VPN, et Psiphon.
Les effets des sanctions et de la guerre commencent tout juste à se
faire sentir en Russie. À Moscou, la plupart des distributeurs de
billets étaient à court de billets vendredi. Pourquoi ? Parce que la
veille, les gens ont retiré 111 milliards de roubles des banques : en
fait, toutes leurs économies. Le marché de l’immobilier s’est effondré
alors que la construction de bâtiments résidentiels est la branche la
plus importante de l’économie russe. L’industrie automobile étrangère
cesse progressivement d’expédier des voitures en Russie. Les taux de
change du dollar et de l’euro sont artificiellement maintenus par la
Banque Centrale. Les actions de toutes les entreprises russes ont
sévèrement chuté. Tout le monde comprend que la situation ne peut que
s’empirer.
La police anti-émeute russe arrête une manifestante. On peut lire sur son masque « Non à la guerre ».
Seul Poutine a besoin de ça
La réaction russe à la guerre en Ukraine est complètement différente
de ce qui s’était passé en 2014 [quand la Russie s’était emparée de la
Crimée après la révolution ukrainienne]. De nombreuses personnes, y
compris des personnalités qui travaillaient pour le gouvernement,
demandent la fin immédiate de la guerre. Le renvoi d’Ivan Urgant, la
principale vedette de la télévision russe, est en ce sens remarquable.
La grande majorité de celles et ceux qui soutiennent encore Poutine
est également contre la guerre. Le supporter moyen de Poutine croit
maintenant que tout a été calculé, que la guerre ne va pas s’éterniser
et que l’économie russe va survivre. Car oui, il n’est pas simple de
reconnaître que son pays est dirigé par un dérangé, par un Don Quichotte
qui contrôle une armée d’un million de soldat·es, l’une des plus
puissantes du monde, un Don Quichotte qui dispose de l’arme nucléaire,
capable de détruire l’humanité toute entière. Il est difficile de
concevoir qu’un dirigeant, après avoir consulté des politologues et des
philosophes de seconde zone, puisse bombarder un pays voisin et
fraternel et détruire sa propre économie.
En se délectant d’un pouvoir illimité, Poutine s’est progressivement
éloigné de la réalité. On pense aux quarantaines de deux semaines
imposées aux simples mortels qui doivent rencontrer le président russe
pour une raison ou un autre, ou aux tables gigantesques ou Poutine
reçoit à la fois ses ministres et les autres chefs d’État.
Poutine a toujours été un politicien qui cherchait à équilibrer les
intérêts des forces de sécurité et des oligarques. Aujourd’hui, le
président est sorti de son rôle, et a entrepris un grand voyage dans la
mer infinie de la sénilité. Nous sommes prêt·es à parier une bouteille
du meilleur whisky que dans un futur proche, monsieur le Président
pourrait subir un coup d’État venant de son cercle le plus proche.
La Russie pourrait bien se retrouver en 2023 avec un autre système de
pouvoir et autre visage au Kremlin. Lesquels exactement, nous le savons
pas. Mais pour l’heure, nous traversons le crépuscule avant l’aube.
Pendant ce temps, des manifestations contre la guerre ont lieu en
Russie. Des anarchistes y participent à Moscou, Saint-Pétersbourg,
Kazan, Perm, Irkoutsk, Yekaterinburg et dans d’autres villes. En Russie,
il est extrêmement difficile d’organiser des manifestations dans les
rues ; cela entraîne des poursuites administratives et pénales, ainsi
que de la bonne vieille violence policière. Mais les gens sortent tout
de même. Des milliers de personnes ont déjà été arrêtées, mais les
manifestations continuent. La Russie est contre cette guerre et contre
Poutine ! Sortez – quand et où vous le souhaitez ! Faites équipe avec
des ami·es et des personnes partageant les mêmes idées. Les réseaux
sociaux suggèrent une action de protestation générale ce dimanche à 16
heures. Ce moment n’est pas pire qu’un autre. Vous pouvez télécharger des tracts anti-guerre à distribuer et à afficher sur notre site web et sur les réseaux sociaux !
Des
tracts russes s’opposant à l’invasion, sur lesquels on peut lire « Vous
payez pour la guerre de Poutine – impôts, frontières fermées, pauvreté,
blocage des services, vide informationnel – non à la guerre ! » et
« Non à l’invasion militaire de l’Ukraine : paix au peuple, guerre aux
dirigeants. »
Pendant ce temps, les anarchistes ukrainiens participent à la défense
territoriale de leurs villes. C’est bien plus difficile pour eux que
pour les gens en Russie, mais il s’agit d’une seule et même défense.
C’est la défense de la liberté contre la dictature, de la volonté contre
la servitude, des gens ordinaires contre les présidents dérangés.
À vos moutons
Si, comme par miracle, Poutine revenait à la raison et que la guerre
prenait fin, serions-nous prêt·es à « retourner à nos moutons » ? Il est
probable que nous serions expulsé·es du Conseil de l’Europe. Les Russes
perdraient ainsi la possibilité de s’adresser à la Cour Européenne des
droits de l’homme, et bientôt le Kremlin rétablirait la peine de mort.
Pour l’heure, revenons à l’actualité, qui reste conforme à l’esprit
de ces dernières années. En ce moment-même, la Douma [organe législatif
de l’assemblée au pouvoir en Russie] adopte une loi selon laquelle un
conscrit militaire doit se présenter lui-même au bureau d’enrôlement
plutôt que d’attendre une convocation. Poutine a également récemment
augmenté les salaires de la police. Et le bureau du procureur, dans un
appel, a demandé de porter de cinq à neuf ans la peine d’un anarchiste
de Kansk, Nikita Uvarov, condamné dans la célèbre « affaire de terrorisme Minecraft ».
Vous savez vous-même quoi faire de tout cela.
Liberté pour les peuples! Mort aux empires !
La police escorte une personne arrêtée tenant une pancarte « Je suis contre la guerre ».
Eskobar
était le chanteur d’un groupe de rock ukrainien appelé Bredor. Il y a
longtemps, dans une interview, il a prononcé une phrase célèbre, qui est
devenue un mème : “Шо то хуйня, шо это хуйня” – une façon succincte
d’exprimer quelque chose comme « une situation où vous avez le choix
entre deux mauvaises options, sans aucune alternative » ↩